
Critique

Marie Desplechin passe d'un genre à l'autre avec une aisance impressionnante: du roman jeunesse au roman adulte, elle ne se spécialise pas et c'est pour notre plus grand plaisir.
Le roman part d’une idée simple. Si la nounou qui garde vos enfants décide un jour de s’installer définitivement chez-vous: que se passe-t-il ? La réponse réside en 200 pages écrites avec vigueur, grande concision et goût de la phrase juste. Les chapitres sont courts et (trop ?) nombreux. Ils offrent, au fur et à mesure de la progression du lecteur, une analyse qui devient de plus en plus profonde.
En fait, Sans-moi traite de sujets graves sur un ton juste. La nounou-héroïne parle peu de ce qui fait sa spécificité : un passé des plus sombres (enfant de la DASS donc abandonné puis abusé sexuellement et drogué...). La narratrice ; la mère des enfants est plus prolixe. Elle représente assez schématiquement, au départ du moins, la femme volontaire au grand cœur qui occupe un poste élevé. Bref, elle symbolise la réussite, le bien. En effet, c’est elle qui accepte de voir sa nounou résider chez elle dans le but de l’aider. Mais au contraire de ce qu’elle prévoyait, ce sera elle qui craquera avant sa protégée. Et c’est là que s’explique la phrase elliptique du tout début du roman. Phrase dont le roman n’est finalement que le prolongement : « le bien n’est pas forcément le contraire du mal »
.
En somme, un livre récent d’un auteur peu connu et qui, en plus d’être agréable à lire, témoigne d’une vraie richesse dans la description des relations de deux personnes très différentes, très peu adeptes des discussions mais pourtant extraordinairement attachées l’une à l’autre.
écrit le 21 avril 2005 par nicolas
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