
Critique

1976 : Patrick Grainville obtient le prix Goncourt pour un livre transcendant.
Ce qui frappe particulièrement tout au long de ce roman c’est l’omniprésence du titre au travers de l’ouvrage. Parfois, on ne comprend pas le rapport entre le nom donné à un livre et son contenu. Ici, c’est tout le contraire. Mais il ne s’agit pas de répétitions incessantes du terme, il faut plutôt voir cela comme un style complètement au service du thème principal. Ainsi donc, tout flamboie.
L’Afrique (puisque c’est le lieu de l’action) d’abord et son environnement extrêmement vivant, l’incendie qui dévaste les alentours et le roi Tokor, despote éclairé, qui vire de plus en plus vertigineusement vers la folie pure sont tous des éléments de ce grand embrasement littéraire. Ce héros mérite qu’on s’attarde un peu sur lui. Il est omniprésent et envahit l’espace du livre par sa suractivité. Se croyant chef suprême, il possède un appétit insatiable de tout : pouvoir, nourriture et frénésie sexuelle tous azimut que ce soit avec des femmes (blanches si possible : il prend donc le contre-pied de l’érotisme exotique occidental), des hommes, voire, mais c’est moins clair, avec des animaux. Le style restitue avec brio l’exubérance générale de l’action. Grainville arrive à créer des atmosphères étouffantes comme il est rarement possible de le faire. Peut-être est-il trop conscient de son talent puisqu’il lui arrive de (se) noyer, emporté par son propre élan littéraire. Il devient alors difficile à suivre car ces phrases deviennent des accumulations de précisions très riches dans le vocabulaire employé, très rythmées, mais difficilement lisibles sans s’y reprendre à deux fois. Il faut sans doute accepter de perdre du temps pour pouvoir goûter complètement à la folie de l’Afrique et au style de l’auteur...
N.B : étant donnée la date de sortie du bouquin (1976) et l’omniprésence du risque du coup d’Etat tout au long du livre (créant d’ailleurs un vrai suspens), il est possible de voir en celui-ci, une critique de l’instabilité politique de l’Afrique Noire à cette époque.
écrit le 21 avril 2005 par nicolas
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