Critique

En 1953 Clifford Brown, jeune trompette très prometteur et avant gardiste est embauché dans l'orchestre très classique de Lionel Hampton pour une tournée européenne. Bien que le contrat de Brown stipulait que celui-ci n'avait pas le droit de jouer avec d'autres formations, ce dernier alors en Suède prit un soir discrêtement la poudre d'escampette avec Art Farmer (trompette) pour aller jouer avec quelques musiciens Suédois. Ces quelques morceaux (quatre) se retrouvent sur ce disque avec quelques autres morceaux enregistrés à New-york deux mois plus-tôt.

Clifford brown,un des musiciens de jazz les plus prometteur d'alors,l'avenir du jazz.

Malgré une courte carrière, Brown n'en est pas moins devenu une des meilleurs trompettes. Alors que de nombreux fans s'extasient sur ses morceaux les plus rapides et spectaculaires ( "Cherokee" sur le "Memorial Album") pour sa technique, c'est pourtant sur des morceaux lents qu'il peut aussi montrer l'étendue de son talent. Le premier morceau,"Stockholm Sweetin'", l'illustre parfaitement. La coda commence par la trompette de Clifford, magistrale. On fond dès les premières notes .Ca en est presque troublant: du début jusque dans l'improvisation, c'est "parfait" (merde, je n'aime pas ce mot mais je ne trouve pas autre chose), presque flippant: pas une seule note de travers! L'inspiration de Clifford est visiblement contagieuse, les autres musiciens sont très bons. Les petits Suédois ne déméritent pas un seul instant! Stockholm Sweetin' représente plus de cinq minutes de bonheur musical, on est dans du coton! Le morceau suivant "Scuse these Blues" attaque de façon plus nerveuse et est dans l'ensemble beaucoup plus dynamique que les autres. "Falling in love with love" nous replonge dans des contrée plus douces à la "Stockholm Sweetin' " .Un album à placer sous le signe de l'esthétique et de la beauté (attention, sans jamais tomber dans l'esthétique stérile!). Les cinq derniers morceaux, eux enregistrés aux Etats-Unis, continuent la magie: morceaux doux mais aussi le pêchu "Philly J J".

Savoureux!

Ces morceaux enregistrés pour certains dans l'urgence (enfin, le jazz est une musique de l'urgence), révèlent un trompettiste hors du commun, d'une sérénité, d'une gaieté et d'une maturité impressionnante pour quelqu'un sensé être un bleu à l'époque. Une technique formidable associée à un son exceptionnel. C'est beau, émouvant, le trompetiste est inspiré et servi par de grands musiciens. Ce disque montre un musicien en état de grâce.

écrit le 11 mai 2005 par martin

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